Event : Bal d'Halloween

Leur déguisement n'avait ni queue ni tête. Ils avaient longtemps cherché. Tiberius proposa de se déguiser en Gryffondor. La blague en valait la peine. Et le costume serait sans doute facile à trouver. Mais, l'idée de Ian était encore bien meilleure. Le préfet avait toujours eut l'habitude d'être le plus imaginatif des deux. Tiberius, lui, se démarquait surtout par son culot. Leur couple fonctionnait très bien.

Tiberius trouva une perruque platine à quelques piécette dans un magasin de Pré-Au-Lard. Une perruque tout ce qu'il y avait de plus moldu : Finalement, il en fallait bien. Elle était brillante et fausse et ça se voyait. Il tenta vainement de la plaquer en arrière. L'épaisseur refusait de se laisser dompter. Du reste, une robe noire et une canne à pommeau avaient suffit à imiter son homologue fictif. Ou plutôt, son père. Avec un feutre, il avait dessiné une grossière et caricaturale marque des ténèbres sur son bras. Le soucis du détail.

Ils arrivèrent accompagnés de l'autre. Bras dessus bras dessous, ils auraient fait un Roi et Reine du bal parfaits. En vérité, Tiberius se doutait qu'il s'agissait d'une excuse un peu minable pour s'appuyer sur lui : Avec ses talons, il touchait les étoiles et tanguait pas une Tour de Pise. Tiberius se moquait de lui. Les regards sur eux avaient été insistants. Le serpentard crut même entendre des réflexions quant à l'irrespect des récentes victimes. Tiberius ne voulait pas voir le mal : Ce n'était qu'une fiction. Et Tiberius avait ses raisons pour avoir accepté. Là où Ian ne réfléchissait pas plus loin, son équipier avait toujours de bonnes raisons d'étaler son insolence à la gueule du monde.

La soirée se passa bien. Tiberius et Ian se séparaient pour se retrouver toujours. Finalement leur déguisement était reconnu par certains. D'autre lui demandèrent, ignorant les livres et se contentèrent de hausser les épaules, d'un air vaguement indifférent. Il croisa lui-même de nombreux déguisements et avaient beaucoup rit à celui d'Elias. Leur rencontre fut brève, ils furent l'un l'autre appelés à rejoindre très vite leur groupe respectif. Cependant, Tiberius resta longtemps bloqués sur les quelques nains de jardin et avait confié à Ian que l'idée était génial. Presque enthousiasmé de rejoindre la cohorte. Avec Ian et Tiberius, ils seraient alors six. Il ne restait qu'un nain à trouver. Partant ?

Ils n'eurent guère plus de temps. Le sol trembla. Des cris retentirent. Le monde sembla s'écrouler. Et d'un geste vif, Tiberius se rattraper à une table. Sa main essaya de rattraper Ian dont i savait l'équilibre instable. Il songea à une attaque. Un monstre. Quelque chose. Et d'un réflexe instinctif, il sortit sa baguette. La voix du professeur Sayre éclata comme un tonnerre au milieu de la Grande Salle. Les vitraux vibraient. Les Enfers semblaient s'ouvrir aux pieds du pauvre William. Le visage de Tiberius se referma gravement à la scène.

Tiberius avait vaguement vu Jefferson et Jessica. Mais, n'avait ni entendu, ni suivi l'affaire. Il comprit bien vite. Le directeur des Serpentards prenait un malin plaisir à faire tomber tous les fléaux du monde sur la tête de Jefferson. Ce garçon un peu con soit. Très austère, très bien. Mais, jamais assassin. Le professeur faisait tomber toutes les horreurs des mangemorts sur ses pauvres épaules, comme si William en était responsable. William qui n'était qu'un gamin paumé. Tiberius serrait des dents. Le professeur Sayre lui apparaissait comme un tyran. Il était du bon côté de la barrière. Pouvait-il bien faire pleuvoir des punitions sur la tête de Jefferson, personne ne pourrait défendre l'adolescent. C'était un lynchage gratuit. Jefferson pouvait bien penser son avenir comme il l'entendait. S'il voulait devenir un meurtrier, c'était son problème. En aucun cas les méthodes inutilement répressives du professeur aideraient Jefferson a choisir une voie plus sage et plus raisonnable.

Tiberius resta interdit, comme tout le monde, pendant de nombreuses secondes. Dans son ventre, les feux du ciel et de la terre. Le poing serré, sa baguette prête à rugir. Tiberius savait qu'il ne faisait pas le poids face à ce "héros". Héros de mon cul. Pendant que chacun se regardaient avec des yeux de hareng, Tiberius se redressa. Puis avança vers Jefferson. Il posa sur son épaule une main bienveillante et, sans un seul sourire, lui fit comprendre d'un geste de la tête que ça irait. Tout irait bien pour lui. Le vieux Serpentard était prêt à prendre toutes les colères du prof. Il arracha cette perruque ridicule et s'avança vers l'estrade des professeur. Sa voix éclata, forte mais bien fluette à côté de celle du directeur qui semblait faire rugir les fondations du château. Tiberius avait mal au ventre, l'angoisse et l'agonie dans l'âme. Il avait peur. Mais, il ne pourrait jamais se regarder face à un miroir s'il s'interdisait d'intervenir face à une autorité répressive et tyrannique. La tête de haute, il se présenta fièrement au professeur.

Tout le monde a perdu des proches dans cette guerre ! Des deux côtés. Les Jefferson, les Malefoy, comme tous ceux qui y ont participé. Et c'était des gens comme vous, à l'esprit étriqué et aux méthodes violentes, qui l'ont déclenchés ! Vous êtes plus responsable que Jefferson dans cette affaire ! Tiberius se tourna un instant vers Jefferson. Ce Jefferson qu'il défendait aujourd'hui après lui avoir cassé du sucre dessus durant tout le cours de l'année pour ses idées fascistes et dégénérées. Il regarda à nouveau le professeur. Vos points et vos heures de colle et toutes vos punitions n'aideront jamais personne dans cette école. Et ne ramèneront jamais personne.

Tiberius se tut. Le silence. Il fit un pas en arrière. Si son attitude aurait voulu être la plus ferme du monde, il se sentait ramollir par la crainte de son professeur. C'était la première fois qu'il se sentait du devoir d'intervenir ainsi. Face à un adulte.

Ian passait la majorité de son temps à observer ses pieds pour être sûr de ne pas s'emmêler les pinceaux et ne pas se vautrer au sol. Beaucoup trop souvent à son goût il devait dégager sa vue, considérablement réduite par les mèches de cheveux de l'énorme perruque qu'il avait enfilé. Perruque trouvée pour trois fois rien dans un magasin de déguisements. Pour Halloween il avait trouvé sans beaucoup de difficulté une perruque noir et aux reflets multiples, preuve de sa mauvaise qualité. Bien que neuve, la perruque bouclée était déjà complètement emmêlée. Ce n'était pas plus mal, son costume n'en était que plus réaliste. Ses faux cheveux le démangeait. Il n'avait qu'un rêve, c'était de retirer sa crinière.
Les talons qu'il avait au pied faisait une dizaine de centimètre. Il n'avait pas réussit à trouver des chaussures à talons à sa taille et avait du se résoudre à utiliser la magie pour qu'elles lui aillent. A présent il dépassait les deux mètres de quelques centimètres. Une chute et il risquait de se rompre le cou.
La jupe noire qu'il portait par dessus son pantalon d'uniforme était des moins confortable. Ian craignait de se retrouver les quatre fer en l'air d'un instant à l'autre. A la base il avait voulut se dénicher une robe, mais trouver des vêtements de femme à sa taille n'était pas une mince affaire. Des retouches auraient été nécessaires avec ou sans magie. Il avait plutôt opté pour un tshirt à manches longues noir lui aussi (qu'il avait massacré avec une paire de ciseaux pour faire un pseudo décolleté sur sa poitrine des plus plates, grosse fausse note de son costume) avec une énorme ceinture qui ne mettait pas vraiment en valeur sa taille ou son bassin.

Ian sentit son pied déraper sous son poids. Il s'agrippa de justesse au bras de Tiberius avec un hoquet de rire. Il était incapable de marcher droit pour l'instant. Il se sentait comme un bébé qui apprenait à marcher.
Pour imiter son partenaire, Ian s'était gribouillé au bras une pseudo marque des ténèbres. Ses talents de dessinateur n'étant pas extraordinairement développé, le résultat final ressemblait plus à un smiley avec un serpentin sortant de la bouche plutôt qu'une tête de mort.

Ils avaient fait un petit tour dans la grande salle. Ian avait prit un peu plus d'assurance dans sa démarche (Elias et quelques demoiselles lui avaient soufflés leurs secrets), marchant à la façon des mannequins sur leur podium, un pied devant l'autre et en roulant des hanches.
Ian s'était arrêté un instant alors que Tiberius parlait avec des premières années pour chercher le nain manquant. Un verre à la main, il soufflait. Ses pieds le faisait terriblement souffrir, la perruque transpirer. Les faux cheveux collaient contre son front rouge. Il tentait de se rafraîchir comme il pouvait, gardant un oeil sur son coéquipier et ses nouveaux amis d'un mètre cinquante. Si au début de la soirée les quatre petits serpentards n'étaient pas enchantés de devoir se coltiner des sobriquets de nains, maintenant que « des grands » s'intéressaient à eux et proposaient d'entrer dans le jeu, ils étaient ravit.

Leur joie ne dura pas longtemps. Sans comprendre le pourquoi du comment, Ian perdit l'équilibre et se retrouva au sol, le contenu de son verre sur lui. Pendant quelques secondes il resta immobile par terre. Son crâne avait fait un bruit sourd quand il s'était cogné contre les pierres au sol. La tête lui tournait et il se voyait difficilement debout. Finalement il se releva tout doucement, restant assit par terre alors que la tête lui tournait encore. Ca ne l'empêchait pas d'écouter la tirade de monsieur Sayre. Jefferson n'en menait pas large. Ian le détestait mais il n'arrivait pas à se réjouir de ce qui tombait sur les épaules de son camarade.
Une vive douleur lui bouffait l'arrière du crâne ce qui le poussa à retirer sa perruque. Par réflexe il posa sa main contre sa tête et sentit du sang sur ses doigts. Génial. Soirée de merde, talons à la con. Sans plus attendre il les retira avant que la liste des regrets ne s'allongent encore. D'un coup d'oeil il chercha Tiberius, plongé dans la scène. D'ici Ian pouvait voir qu'il crevait d'envie d'intervenir. Sans attendre il alla le rejoindre (Dieu que c'était plus simple sans ces chaussures). Mais Tiberius n'attendit pas pour s'interposer entre le professeur et l'élève de sixième année. Sans réfléchir Ian le suivit. Plus que jamais il avait besoin de soutient moral face à Sayre dont la réputation n'était pas à refaire. Pour la forme plus que parce qu'il en avait vraiment envie, Ian prit place à côté de Jefferson. Il ne put s'empêcher de chuchoter à son adresse, d'une voix si basse que personne à part lui n'aurait pu l'entendre. Ne crois pas qu'on fait ça pour tes beaux yeux, Jefferson. Il lui tapota l'épaule brièvement. Jefferson défendu par un traître à son sang et un moldu. Au final ça devait le mettre encore plus mal que l'intervention du professeur de Sortilège.

Tiberius se lança dans une tirade digne des meilleurs films à succès. C'était le moment ou le héros sortait de l'ombre. David contre Goliath. Tout le monde retenait son souffle. Tiberius n'avait aucune arme à présenter face à son professeur, pourtant il osait lui tenir tête. Ian n'avait aucune autre aide à lui apporter. Tiberius avait déjà tout dit et il n'y avait plus rien à ajouter.
Par pur provocation et pour souligner qu'il le soutenait (bien que le doute n'aurait jamais effleuré l'esprit de son coéquipier) Ian applaudit son camarade à la fin de son discours. Il fut surpris de voir que quelques élèves l'imitèrent, souvent timidement. Chacun retenait son souffle, attendant la suite, les répercussions qu'auraient les paroles de Tiberius.
Ian le rejoint, posa rapidement sa main sur son bras pour lui signifier sa présence. Il ouvrit la bouche pour dire un mot mais la directrice coupa court à toute dispersion en rappelant tout le monde à l'ordre. Si elle avait raison dans le fond, Ian ne put s'empêcher d'adopter un sourire moqueur.

Comme une famille, vous dites? J'ai rarement vu un rassemblement aussi massif de personnes dont les histoires de famille sont plus compliquées que la Bible ou The Bold and the Beautiful. A ce stade je pense pouvoir affirmer qu'il vaudrait mieux éviter que nos relations soient celles d'une grande famille.